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Laurent Masurel
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Adieu la tristesse du ciel parisien et de ses habitants, adieu la pollution et les bouchons, adieu les lacs gelés toute l’année... A nous le Brésil !
« Dites les gars, et si on gagnait l’Oxbowquest cette année !? » Il n’en fallait pas plus pour que l’énorme cerveau du petit Riko ne se mette à faire des étincelles dans tous les sens : « On a les images de l’an dernier à Moulay, faudrait qu’on film 2 ou 3 plans, on rajoute de la bonne zic...C’est jouable ! »
Deux mois plus tard, aéroport d’Orly, nous voilà sponso par Oxbow, des sous plein les poches, un triple boardbag RRD et un quiver Gunsails rempli à ras bord du dernier matos filé pour l’occasion. Aucun d’entre nous n’a encore vraiment réalisé ce qu’il se passe, mais une excitation perceptible à des kilomètres gagne le team.
Alors pourquoi le Brésil nous a-t-on dit, et en particulier le Nordeste ..? Des plages désertes balayées par un vent chaud, une eau à 28°C, des cocotiers, des vagues, des autochtones plus que sympathiques et l’opportunité de ramener de superbes images d’un coin finalement peu exploré...
FORTALEZA LA GRANDE
Aéroport de Fortaleza, même jour 18h30, le matos ne semble pas avoir souffert du voyage. Première étape indispensable du trip nous y passerons les quatre prochaines nuits. La route qui nous emmène à notre poussada nous rappelle que le céara est l’état le plus pauvre du brésil. La nuit est tombée et l’agitation gagne les quartiers, les gens se retrouvent autour des vendeurs de brochettes, frango (poulet) et corrazon (cœur de poulet) à 1 réal...
Nous passons notre première soirée à praia de Iracema, aujourd’hui c’est lundi et dans la boîte le piratta se déroule comme chaque semaine la plus grosse fiesta de Forta. La caïpirina (le cocktail national), et les silhouettes qui s’échauffent au son du forro (sorte de lambada torride), nous font oublier le décalage horaire.
Les trois jours qui suivent sont une suite de galères pour trouver un véhicule pouvant supporter le quiver, la baleine (petit nom donné au triple boardbag) et quatre riders (eh oui le team a grossi, rejoint entre temps par Romain, dit l’intrus, le kite-windsurfeur du trip) complètement allumés...La première n’aura pas durée plus d’une demi-journée, les galeries arrachées en pleine favela après que le Sylvain ce soit pris pour Sébastien Loeb au rallye du brésil !
Après des heures de négociation en portu-glais (espèce de langage parfaitement imcomprehensible mais parlé à merveille par le Mitch) pour annuler le contrat de location, nous finissons par dégoter un Fiat doblo capable de nous trimballer les dix jours suivants. Comme aiment à le dire les brésiliens :‘No Brasil todo è possivel’, tout est possible oui...mais à question de pas être pressé !
Sous les conseils d’Alexi, étudiant français installé au Brésil, nous profitons de cette étape à Fortaleza pour faire notre première nav sur le spot de Cumbuco, 30 Kms plus au nord. Contre quelques réals, Pablo un local nous offre l’hospitalité de son jardin pour gréer et nous garde la voiture et le matos. Il va même jusqu’à nous porter le matos sur la plage...
Gréage sur la pelouse sous les cocotiers, un petit 20 kts balaye la plage déserte. Malheureusement pas de vagues, ce sera une petite session Freestyle de décrassage, dans une eau à 28°c, jusqu’au coucher du soleil.
Le lendemain, un bon 25-30 kts s’annonçant pour l’après-midi, nous retournons sur Cumbuco espérant y tâter un peu de la vague, toujours rien...Il est temps de quitter le coin. Baja, un local windsurfer rencontré dans l’avion nous a parlé de Paracuru, 80 Kms au nord, un reef y lèverait de belles vagues...
PARACURU
Sur la route nous reprenons conscience que nous ne sommes ici que des touristes plus communément appelé « vache à lait » par certains autochtones ! En 80 Kms nous parvenons à nous faire entuber par un petit resto dans lequel nous n’avions pas demandé le prix avant de consommer, et raqueter par deux policiers sans scrupules qui nous feront payer 50 reals pour avoir le droit de transporter notre matos sur le toit tout en nous disants de n’en parler à personne. Bref...
Fini le stress de la grosse ville, à nous les plages désertes du Céara. Paracuru, petit village au bord de l’eau, pas franchement habitué à voir débarquer des bandes de gringos aussi chargés. Pas le temps de s’attarder dans le village, le mouvement incessant des cocotiers réveil en nous cette excitation propre à notre espèce sous évoluée.
C’est par la plage, en doblo, que nous rejoignons ce qui semble être le meilleur spot du coin. Un vent side side-on de 20kts et de belles vagues d’un bon mètre qui cassent sur un reef à 200 m du bord. Par marée descendante, les vagues se décalent pour aller pêter entre deux rangers de piquets de pêcheurs. Quelques belles séries d’1m50 viennent dérouler jusqu’au piquets, de quoi taper 2 ou 3 rollers avant de finir empalé ! En s’en rapprochant il arrive d’apercevoir un animal qui plonge à notre vue. Des tortues nous ont dit les locaux, nous en auront la confirmation plus tard, à force de naviguer dans le coin.
Le soleil tombant rend le lieu encore plus magique, Romain se régale en kite entre nous trois et chacun a le sourire jusqu’aux oreilles. Mitch pose ses premiers backloops pendant que Riko et Sylvain se font plaisir au surf. La nuit tombante marque la fin de cette première vraie session de waveriding.
Il y a incontestablement un gros potentiel dans le coin, nous ne sommes qu’au début de la saison du vent et ce n’est à priori pas la meilleure période pour les vagues. Les deux frangins qui tiennent le surf shop du village nous ont raconté des sessions à taille de mât entre septembre et novembre (dernier mois ventu avant de laisser place aux surfers jusqu’à mars).
Voilà, s’il en fallait une, une raison de revenir...
Le soir, sur la place du village, c’est poulet et baiaon (riz et haricots rouges) pour tout le monde, le tout arrosé de je vous laisse deviner quoi...caipirinas bien sûr, tout ça pour 6 reals tête ! Nous avons la chance d’arriver ici un samedi soir, la place est bondée et l’orchestre du village s’apprête à laisser place à un bruit tonitruant s’échappant des quelques voitures garées là. Les brésiliens sont friands de ce genre de duel sonore ou des caisses aménagées en espèces d’enceintes géantes à roulettes s’affrontent à coup de samba et autre forro.
UN DOBLO SOUS L’EAU
Les dizaines de Kms de plages autour de Paracuru offre bon nombres de spots navigables en fonction des marées. Ce lundi matin, après avoir roulé le long de cette côte pour trouver les meilleurs vagues, nous nous arrêtons 500m au nord de la baraque ou nous naviguions les jours précédents. Le vent est déjà fort, mais nous décidons de gréer 5.3 quand même, histoire d’envoyer menu en saut. Romain a laissé son kite pour la planche de Riko, il est le premier à l’eau et tape déjà de gros high jumps, les series de 1m50 cassent assez loin du bord et offrent de bons tremplins. Aujourd’hui, c’est vidéo aquatique pour Riko, il est temps de se lacher si on ne veut pas être ridicule sur Eurosport. Un fort courant aura raison de Riko, qui se résoudra à revenir filmer sur la plage après avoir galéré une bonne heure. Abrité derrière le doblo pour se protéger du vent, le bougre ne voit pas la marrée monter et engloutir la voiture. C’est grâce à l’intervention d’un local qui naviguait prés de nous et du 4*4 de ces potes que nous réussissons à désensabler la bête in extremis.
L’engin désensablé nous repartons à l’eau, nous n’aurons peut être plus des conditions comme celles là !
FESTIVAL DE CLAQUES
Le repas du soir est l’occasion de parler de la nav du jour et surtout de celle du lendemain. Le jeu dit « des claques » nous occupe une partie de la soirée. En deux mots : chacun fixe ses objectifs de moves à poser pour le lendemain, celui qui n’y parvient pas, se mange une claquasse par tous les autres !
Avec des objectifs tels que cheeseroll, pushloop ou encore double cheeseroll, ce sont des pluies de claques qui se sont déversées sur nos joues meurtries !!!
Le groupe s’agrandit avec l’arrivée de Tonio, Aymeric, windsurfers et Yann le surfeur du groupe. Ils finiront le trip avec nous. Chacun a pris ses marques sur le plan d’eau, Tonio chaud comme une baraque à frites se jette en front sur tout ce qui peut ressembler à une vague, Sylvain enchaîne les tentatives de pushloop, sous les yeux effarés des plus feignants sirotant des noix de coco sur le sable.
Les journées s’enchaînent, session surf le matin et windsurf l’après midi. Pas franchement de bonnes conditions de surf mais toujours un régal de patauger dans cette eau bouillante, sur ces plages quasi désertes bordées de cocotiers. Les petits surfeurs locaux nous écœurent de facilité sur ces mini vagues où ils se permettent n’importe quels moves !
C’est un convoi de 2 voitures blindées de matos qui quitte cet endroit pour un bled perdu au bout d’une longue longue piste...
UNE PISTE SANS FIN
Sans trop savoir où nous allons, nous partons vers le nord. Le patelin que nous rejoignons se situe a mi chemin entre paracuru et Jericoacoara. La route y menant n’existant pas sur notre carte, nous nous fions aux renseignements d’une vieille dame croisée en chemin. La piste cabossée aux couleurs rougeâtres que nous empruntons ne semble plus finir. Après 2h30 de piste, une galerie éclatée et une fuite sous la caisse de Tonio et Yann, nous arrivons dans la baie d’Icaraizinho. Soleil couchant sur la mer, cocotiers à perte de vue et gamins jouant au foutchiboou sur la plage, paysage idyllique...
Le coin est typique et propice à toutes les rêveries, nous nous imaginons déjà tous sur l’eau au milieu de cette baie magnifique.
Petit resto, poussada face à la plage et service plus que chaleureux par deux charmantes locales!
Le lendemain Yann et Riko sont à l’eau dès le lever du soleil pour une petite session surf, les vagues ne dépassent pas 50 cm, peu importe Tonio,Mitch et Sylvain ne tardent pas à les rejoindre.
« Eh les gars, la voiture est ensablée ! », voilà le crie désespéré du gringo windsurfer, petit animal joviale totalement inoffensif aussi appelé « trippeur du dimanche », qui frappe une fois de plus nos oreilles averties. Romain et Riko, en quête perpétuelle des plus belles images à filmer ont planté la caisse au bout de la baie !
Pour la deuxième fois nous profitons de la gentillesse des brésiliens, c’est un gamin de 12 ans au volant d’un bon gros tout terrain, accompagné par la quasi-totalité des hommes du village qui nous sort de là en moins de 2.
Il est maintenant 14h et le vent n’est toujours pas monté, pas de session en vue aujourd’hui. C’est avec regret que nous repartons pour forta y laisser les voitures de loc.
JERILAND
Impossible d’explorer cette région du brésil sans passer par le fameux Jericoacoara.
C’est de Fortaleza, en bus, que nous partons pour Jeri. Là bas pas de route, seulement du sable, une voiture ne nous y serait d’aucune utilité.
Bon bus climatisé et petite hôtesse, le voyage passe vite. A l’arrivée les proprios des poussadas nous alpaguent, Mitch et Tonio jouent de leurs talents de négociateurs pour dégoter les meilleurs tarifs du village.
Jeri avant d’être un spot de renommé mondiale est avant tout le lieu idéal pour profiter des chaudes soirées brésiliennes. Gégé, français installé à Jeri sera notre guide. Navigations et soirées s’enchaînent au rythme du brésil. Le vent ne souffle jamais avant 14h, de quoi nous laisser le temps de récupérer de la veille.
Aqualolo notre photographe attitré, aussi appelé ‘Aguacoco’ (rapport à sa consommation excessive de ce breuvage), est enfin là.
Le Lolo calé sur la plage, 600 mm en main, il ne manque plus que les vagues pour se lâcher. Oui mais les vagues ne semblent pas pouvoir arriver jusque là. En fait Jeri est avant tout un spot de freestyle qui s’avère assez clapoteux en pleine journée une fois la pointe de la baie dépassée. Le soir offre sans conteste les meilleurs conditions, le plan d’eau est lisse et quelques petite vagues déferlent sur la pointe mais le vent baisse avec le soleil, les navs se font avec notre plus grande voile : 5.3. Nous sommes les seuls sur l’eau tous les soirs, seuls quelques bateaux de pêcheurs viennent nous narguer.
Le coucher de soleil offre à Lolo de quoi se déchaîner sur son appareil, le panorama est fantastique avec cette grande dune qui borde la baie. L’endroit est fameux dans tout le brésil pour son coucher de soleil, tous les soirs la foule se précipite sur le sommet de la dune pour admirer des dernières lueurs pendant que nous profitons des derniers souffles.
Le matin, la langue pâteuse et les yeux encore tout collés nous faisons du sandboard sur la dune en attendant le vent.
LA VAGUE STATIQUE
Il est temps de voir autre chose, nous n’avons pas encore réussi à trouver la vague de nos rêves. Certains d’entre nous avaient entendu parlé d’une vague statique quelque part au nord de Jeri. Après prise de renseignement auprès des habitants du village et étude de la carte, il semble qu’un seul endroit puisse offrir une telle vague. Nous dégotons un vieux tout terrain avec chauffeur pour nous conduire sur le spot, une vingtaine de kilomètres au nord. Pas de route, obligé de passer par la plage, le chauffeur est inquiet de se retrouver bloqué par la marée. Nous y sommes, une immense lagune se déverse dans la mer créant un courrant suffisant fort pour créer une vague une fois la marée basse. Le chauffeur nous laisse là avec la promesse de venir nous récupérer en fin de journée ! Cette fois ci nous sommes vraiment seuls dans un coin magique...
Il est 12h, les 5.3 sont gréées. Lolo prépare son appareil pendant que les autres explorent le coin. 14h le vent commence doucement à monter, Romain en kite est le premier à l’eau, 30 cm d’eau dans la lagune, pas le droit à l’erreur. 10 min plus tard il se déchire un ligament interne en réception de saut !
Sylvain,Tonio, Mitch et Aymeric se mettent à l’eau dans un vent irrégulier, la vague attendu n’est pas là et ne viendra pas...Le vent fini par souffler suffisamment et nous profitons de la lagune pour faire un peu de freestyle avec l’aileron qui racle le fond en permanence ! Petite déception du team de ne pas avoir pu tester cette fameuse vague.
Une dernière soirée et nous repartons vers le sud. Le lendemain midi tout le monde est prêt à partir, tous sauf Riko qui s’est malencontreusement paumé sur la plage la veille avec une déesse d’un soir .Il est 13h, Riko est enfin là. Nous quittons Jeri laissant derrière nous quelques malheureuses.
RETOUR VERS LE SUD
Paracuru est l’endroit qui offre les meilleures chances d’avoir des conditions parfaites, nous y retournons avec l’espoir de chopper un bon gros swell et un vent conséquent. A peine arrivée nous gagnons l’hôpital pour Romain qui espère y trouver un Kiné. Pas de Kiné ici mais une gentille infirmière qui se fait un plaisir de lui administrer une bonne dose d’anti-inflammatoire dans le derrière, le tout sous les objectifs de Lolo et de notre caméra !
Quatre jours de nav dans un vent atteignant difficilement les 20 kts et un swell quasi inexistant. Sur la fin du trip la chance n’est décidément pas avec nous, Riko se fait une indigestion de poulet l’empêchant de filmer la dernière bonne session du trip et Sylvain se retrouve cloué au lit avec une infection de la gorge extrêmement contagieuse qu’il doit à coup sur à une charmante habitante de Jeri ! Docteur, hôpital et injection pour lui aussi ! La moitié du team se retrouve avec un traitement antibiotique, merci Sylvain...
Une partie de l’équipe est reparti, les quelques chanceux restants font route sur Taiba, spot de surf pouvant se transformer en bon spot de vague quand le vent monte.
AquaLolo nous initie aux joies du body-surf dans le shore break revitalisant du milieu de la baie.
Encore quelques jours à vadrouiller dans le coin et à profiter de cette belle baie où cocotiers, rochers et sable chaud nous font oublier ce vent encore trop léger. Il se lèvera trop tard … le dernier jour et d’une violence inhabituelle comme pour nous prévenir que l’on part trop tôt … et oui la saison commence …
La larme à l’œil et la tête pleine de souvenirs chacun rentre chez lui, le brésil n’est pas un pays que l’on quitte facilement, il brille par sa chaleur, ses sourires, sa légèreté. Si vous rêvez de grandes plages désertes, d’eau à 28° et d’apprendre à danser la samba, c’est la destination windsurf dont il faut profiter maintenant. Encore sauvage et typique, ça risque de ne pas durer ! Mais attention, certains risquent de rentrer chez eux avec une brésilienne à la place de leur planche dans le boardbag !
Pour les sambatiks, retour plus que difficile avec un petit 15° et une fine bruine à Paris en plein mois d’août, déprime assurée ! Mais les bougres préparent déjà leur prochain trip, avec de bonnes grosses vagues ce coup ci...À suivre.
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